The quest for the Absolute

By Donatien Grau

Anyone who has ever met Pascale knows her extreme intelligence, sensitivity, ability to move through the world, to understand every reason before it even arises. The purpose, the drive, of everything she does, everything she lives, is a form of special relation she entertains with the Absolute. We regular humans look for the Absolute, we aim for it, we hope that one day it might enter our lives. In Pascale’s case, the Absolute is everyday life. 

This privilege of hers – which often comes at the price of suffering, of sensing every pain wherever it may come from, however it may arise – is the founding principle of everything she creates. On the one hand, Pascale may come across as a multimedia artist: after all, she has been a stage and costume designer, a photographer, an author, a director of photography, as well as a participant in the magical pascALEjandro, the “spiritual child” artist she’s created with her husband Alejandro. pascALEjandro, since their creation, have manifested themselves in paintings and in the coloring of Alejandro’s films, thereby attesting that their early life was the one of a painter-activity, but that they then can appear across in many different works. Pascale as a multimedia artist, and quite a remarkable one for her versatility and depth at once: this first approach of hers  may be limited, and as such may be false. For Pascale is before anything else a painter. 

It is in the depth of Pascale’s paintings that we are offered to understand the actuality of her work: each painting is a mental landscape of such width, such profoundness that we are taken within the journey with which they present us. Each painting is like a gate open onto a landscape of dreams lived through this life. When we see them, at first they surprise us: what are these lines, these waves that make the horizon shift and move and go and leave and return? What are these colors imbued in the paper, what do they say? They say that they are beyond discourse. We humans like to be told things, we like to know things, to understand why on earth there is life and death, god and devil. Pascale’s paintings do not tell us anything. As Heraclitus said about Apollo, the god of poetry and order – the very god who could also create disorder, “the god does not state nor hide: he signals.” Pascale’s paintings do not say anything, they are not narrative, nor discursive; they do not hide anything either, which would still remain within discourse. They signal the vastness of artistic and spiritual experience.

When confronted with one of these abstracted landscapes, one may think: “well, that’s so remarkably painted, we just see a dreamscape.” And yet… and yet as we look we see the paper, the thread of it, manifested, in all its physicality, by the paint that imbued it and transformed it. Such is the privilege of watercolor. Pascale’s paintings show the physicality of the object at the very same time they take us onto a distant journey, to constellations and galaxies we never knew existed. Each color – blue, green, often recur -, is a key to trigger our mind, a way to let us go into heightened sensitivity, awareness and existence. Alejandro Jodorowsky often says that we try to look into the sky, while we don’t want to look into our brain, into the galaxies it contains. Pascale’s work is a device to activate those galaxies. We have to be ready for this form of awakening; as we look at one of her paintings, each cell begins to become more active, to rise into a greater life. If one were to spend days looking at them, it might be that all the cells progressively would become more active. 

We as a culture have been told and taught to limit ourselves: that we will die, that our life is therefore limited. So why not start limiting ourselves here and now, and not go further? Pascale’s life and art – they are the same, eventually – is  a startling manifesto against any limitation, across the wide field of what art can be, and the profound mystery of where painting can go. That is what signifies a life spent in the Absolute. 


La quête de l’Absolu

Par Donatien Grau

Quiconque a rencontré Pascale Montandon-Jodorowsky connaît son extrême intelligence, sa sensibilité, sa capacité à traverser le monde, à comprendre toutes les raisons avant même qu’elles ne se présentent. Le but, la motivation, de tout ce qu’elle fait, de tout ce qu’elle vit, s’inscrit dans la relation qu’elle entretient avec l’Absolu. Nous, les humains ordinaires, cherchons l’Absolu, nous tendons vers lui, nous espérons qu’un jour il pourra entrer dans nos vies. Dans le cas de Pascale, l’Absolu est la vie de tous les jours.

Ce privilège – qui vient souvent au prix de souffrance, de ressentir chaque douleur d’où qu’elle vienne, quelle qu’en soit la source – est le principe fondateur de tout ce qu’elle crée. Pascale peut apparaître comme une artiste multimédia: après tout, elle a été scénographe et costumière, photographe, auteure, directrice de la photographie, participante à pascALEjandro, l’enfant spirituel magique qu’elle a créé avec son mari Alejandro. pascALEjandro, depuis sa création, s’est manifesté dans la peinture et la couleur des films d’Alejandro, attestant ainsi que ses premières années étaient celles de peintre, mais pouvaient ensuite apparaître dans de nombreuses œuvres différentes. Pascale, artiste multimédia, créant dans la profondeur et l’espace: cette première approche peut être limitée, et peut être fausse. Car Pascale est avant tout peintre.

C’est dans la profondeur des tableaux de Pascale qu’il nous est offert de comprendre la réalité de son travail: chaque tableau est un paysage mental d’une telle ampleur, d’une telle profondeur que nous sommes entraînés dans le voyage qu’il nous propose. Chaque tableau est comme une porte ouverte sur un paysage de rêve vécu à travers cette vie. Quand on les voit, au début ils nous surprennent: quelles sont ces lignes, ces ondes qui font bouger l’horizon, partir et revenir? Quelles sont ces couleurs imprégnées du papier, que disent-elles? Elles disent qu’elles sont au-delà du discours. Nous, les humains, aimons qu’on dise des choses, nous aimons savoir des choses, comprendre pourquoi sur terre il y a la vie et la mort, Dieu et le diable. Les peintures de Pascale ne nous disent rien. Comme l’a dit Héraclite à propos d’Apollon, le dieu de la poésie et de l’ordre – le dieu même qui pouvait aussi créer le désordre, «le dieu ne déclare ni ne cache: il signale. » Les peintures de Pascale ne disent rien, elles ne sont ni narratives, ni discursives; elles ne cachent rien non plus, qui resterait encore dans le discours. Elles signalent l’immensité de l’expérience artistique et spirituelle.

Face à l’un de ces paysages abstraits, on peut penser: «Eh bien, c’est si remarquablement peint que nous voyons juste un paysage de rêve.» Et pourtant… et pourtant en regardant nous voyons le papier, son grain, manifesté, dans toute sa présence physique par la peinture qui l’a imprégné et transformé. Tel est le privilège de l’aquarelle. Les peintures de Pascale montrent la présence physique de l’objet en même temps qu’elles nous emmènent dans un voyage lointain, vers des constellations et des galaxies dont nous ignorions l’existence. Chaque couleur – bleue, verte, récurrentes – est une clef pour mettre en mouvement notre esprit, un moyen de nous laisser entrer dans une sensibilité, une conscience et une existence accrues. Alejandro Jodorowsky dit souvent que nous essayons de regarder dans le ciel, alors que nous ne voulons pas regarder, dans notre cerveau, les galaxies qu’il contient. Le travail de Pascale est un instrument d’activation de ces galaxies. Nous devons être prêts pour cette forme d’éveil; en regardant l’une de ses peintures, chaque cellule commence à devenir plus active, à s’élever dans une vie plus grande. Si l’on passait des jours à les regarder, il se pourrait bien que toutes les cellules deviennent progressivement plus actives.

Notre civilisation nous a indiqué et enseigné de nous limiter: nous mourrons,  notre vie est donc limitée. Alors pourquoi ne pas commencer à nous limiter ici et maintenant, ne pas aller plus loin? La vie et l’art de Pascale – une seule et même chose – est un manifeste surprenant contre toute limitation, à travers le vaste champ de ce que l’art peut être, et le profond mystère de la peinture. C’est là ce qui signifie une vie passée dans l’Absolu.